Montagnes arméniennes: Les Titans

On dit que les montagnes arméniennes étaient des frères robustes et titans à l'époque. Quand ils se réveillaient tôt tous les matins, ils avaient l'habitude d'attacher leurs ceintures d'abord et ensuite seulement de se saluer. Mais au fil du temps, en vieillissant, les frères n'ont pas pu se réveiller tôt. Un jour, se réveillant tard, ils ont oublié d’attacher leur ceinture, mais se sont quand même salués. Dieu a vu que les frères avaient enfreint la coutume, et les a punis. Les frères se pétrifiant sont devenus des montagnes rocheuses, leurs ceintures de champs verts et leurs larmes de sources vives.

Depuis des temps immémoriaux, l'homme a donné du souffle et de l'esprit à tous les objets et phénomènes de la nature, ainsi qu'aux montagnes, en leur attribuant un certain nombre de ses caractéristiques, en inventant des légendes et des histoires allégoriques. On peut dire avec certitude qu'il n'y a pas de haute montagne dans les hauts plateaux arméniens qui n'a pas une légende traditionnelle ou une charmante histoire épique.

Ararat Biblique
Ararat est un volcan éteint sur la rive droite de la rivière Araks, à 32 km de la frontière arménienne et à 16 km de la frontière iranienne. Il a deux sommets: grand (Massis - 5165 m) et petit (Sis - 3925 m). C'est la plus haute montagne des hauts plateaux arméniens et de l’Arménie Occidentale (actuellement sur le territoire de la Turquie). Le massif du mont Ararat a un diamètre d'environ 40 km.

Le mont Ararat est la montagne sainte biblique sur laquelle l'arche de Noé est descendue après le déluge. Huit personnes, Noé, l'ancêtre de la nouvelle humanité, sa femme, ses fils et leurs épouses, ont été sauvés du déluge mondial au sommet de la montagne. L'histoire du salut de Noé et de sa famille est citée dans la Bible (Genèse 7: 8). D'Ararat, Noé est descendu au sud-est, d'où le nom de cette région, Nakhichevan (le premier lieu de la descente), est originaire.

Concernant l'étymologie du mont, il existe plusieurs versions: d'après celle de grecque le nom "Ararat" provient de l'ancien nom hébreu du Royaume de Van. Bien qu'il soit connu sous le nom d'Ararat dans les langues européennes, il n'est pas si courant chez les indigènes. L'orientaliste allemand et critique biblique Wilhelm Gezenius a suggéré que le mot "Ararat" pourrait être dérivé du mot sanscrit ''Arjanwartah'', qui signifie "terre sainte". Certains historiens arméniens, comme Ashot Melkonyan, associent le mot aux autochtones des hauts plateaux arméniens, y compris les Arméniens (-ar).
Le nom arménien traditionnel de la montagne est Massis, dont le pluriel, ''Massik'', peut désigner les deux sommets.

Dans le livre "Histoire arménienne" de Movses Khorenatsi (Moïse de Khorène) l'historien du Ve siècle, relie le nom Massis au nom de l'arrière-petit-fils de Hayk Nahapet (fondateur mythique du peuple arménien), le roi Amassia, qui a donné son nom à la montagne. Selon l'orientaliste russe Anatoly Novoselts, le mot "Massis" vient du mot persan "grand" ou "large". En moyen persan, ''masiste'' signifie ''le plus grand''. D'après l'historien Sargis Petrosyan, le mot "Ararat" signifie "montagne" et provient du préfixe indo-européen ''*mņs''. Selon l'archéologue Armen Petrosyan, le mot provient du nom du mont ''Māšu'' mentionné à l'Épopée de ''Gilgamesh'', qui en assyrien sonnait "massou".

Aujourd'hui, les mots ''Massis'' et ''Ararat'' sont utilisés de manière équivalente en arménien. Le nom du mont Ararat a été mentionné pour la première fois dans des sources écrites (Bible, Livre de la Genèse) au VIIe siècle avant notre ère.

Les Turcs appellent de la montagne ''Ağrı Dağı'', ''ağrı'' signifie littéralement douleur, souffrance. Ce nom est connu depuis la fin du Moyen Âge. Les grand et petit Massis sont respectivement connus sous les noms de ''Büyük Ağrı'' et ''Küçük Ağrı''.
Le nom persan de la montagne est ''Kūh-e Nūḥ'', ce qui signifie le mont de Noé. Les noms kurdes sont le mont ''Çiyayê Agirî'' (montagne de feu) et ''Gridax''.

D'après Pavstos Buzand (Faustus de Byzance), l'historien du IV-Ve siècles, l'évêque Hakob Mtsbnetsi (Jacques de Mtsbin) (IVe siècle), espérant voir l'arche de Noé, a tenté de gravir le mont Ararat avec un groupe de personnes sur une pente nord-est. Dieu, voyant leurs efforts vains et écoutant la supplication de Hakob, a envoyé un ange avec un morceau de bois de l'arche et lui a expliqué l'inaccessibilité du sommet d'Ararat. Le morceau de bois apporté par Hakob Mtsbnetsi comme une relique sacrée est conservé dans la Cathédrale d'Etchmiadzine.

Dans le passé, l'Église apostolique arménienne s'est opposée aux tentatives de monter à Ararat. Au XIIIe siècle, le missionnaire Guillaume de Rubrouck a écrit: "Beaucoup de gens ont essayé de l'escalader, mais personne n'a pu le faire. Personne ne peut y grimper car c'est la mère du monde. Personne ne peut retourner dans l'utérus de sa mère". Le voyageur français témoigne que les Arméniens ne montent pas au sommet du mont Ararat non pas tant à cause de l'inaccessibilité de la montagne, autant que de ne pas profaner sa sainteté. Thomas Stechaus, un théologien anglais du XVIIIe siècle, a noté que "tous les Arméniens sont convaincus que l'arche de Noé est toujours au sommet du mont Ararat. Pour sa protection, personne n'est autorisé à s'approcher du sommet".

En 1829, Johann Friedrich Parrott, professeur à l'Université de Dorpat, a gravi le mont Ararat pour la première fois, accompagné de l'écrivain arménien, Khachatur Abovyan, de deux villageois, Hovhannes Ayvazyan, Murad Poghosyan, et de deux soldats russes, Alexei Zdorovenko et Matvey Chalpanov. Ils ont mené des recherches physiques et végétales. En juillet de 1845, l'académicien Abich a soigneusement étudié les caractéristiques du mont Ararat, déterminé l'itinéraire le plus accessible jusqu'au sommet de Massis (le versant sud-est) et fait une ascension brillante.

Au XXIe siècle, l'ascension du mont Ararat est acceptée comme un pèlerinage patriotique de la plus haute valeur, auquel participent un grand nombre de personnes d'Arménie et de la diaspora arménienne.

Avec sa beauté, son inaccessibilité et son attirance naturelle, Ararat a eu une influence mystérieuse sur le peuple arménien depuis les temps anciens. Il était adoré et mythifié. Dans la foi arménienne, Massis était le panthéon des esprits courageux, qui contrôlaient Massis contre l'intrusion des gens et avalaient les violateurs hardis de frontière. Selon l'ancienne légende populaire, "Artavazd", le roi arménien Artavazd était enchaîné dans le gouffre de Massis et essayait de sortir de là.

Le mont Ararat est l'un des symboles nationaux les plus importants pour les Arméniens et est considéré comme une "montagne sacrée". Il a une grande place dans la littérature et la culture arméniennes. Avec l'arche de Noé, elle est représentée sur les armoiries de la République de l’Arménie. Le mont Ararat a été historiquement associé à l'Arménie et largement reconnu comme un symbole national de principe de l'Arménie.

Ara
Le mont Ara est un volcan éteint situé à la frontière de deux région, celle de Kotayk et d'Aragatsotn en Arménie, au sud-est du mont Aragats, entre les rivières Kassagh et Hrazdan. La hauteur est de 2577 mètres. Au pied de cette montagne, un monastère nommé Tsaghkevank est fièrement perché.

Selon la légende arménienne, la reine Sémiramis d'Assyrie était tombée amoureuse du roi arménien Ara le Bel. Elle voulait unir l'Assyrie et l'Arménie et régner avec Ara. Autant beau que le roi des Arméniens était en apparence, il était autant vertueux et doté de pureté morale. Il a préféré ne pas trahir sa femme, Nuard, et a rejeté l'amour de Sémiramis. La reine assyrienne a déclaré la guerre au roi arménien dans l'espoir qu'elle vaincrait Ara et gagnerait son cœur. Elle a ordonné à ses soldats de faire prisonnier Ara vivant. La bataille a eu lieu au pied de la montagne, au cours de laquelle le roi a été blessé par l'un des amants de Sémiramis, qu'il le considérait comme son adversaire. Le roi est mort. Cependant, la Sémiramis n'a pas accepté l'idée qu'Ara n'est plus vivant et a ordonné que le corps d'Ara soit déplacé au sommet de la montagne, où les Aralezes (créatures mythiques, chiens aux ailes qui ressuscitaient les morts en léchant leurs corps) devraient ressusciter Ara.
L’origine de légende vient de l’apparence de la montagne, lorsqu'on la regarde, elle ressemble à un homme couché, c'est pourquoi les gens l'appellent le mont Ara.

Aragats
Selon la légende, Massis et Aragats étaient des sœurs très aimantes. Un jour, il est arrivé qu’elles se sont querellées. L'une a dit: "Je suis la meilleure, la plus haute" et l'autre a dit: "Je suis plus grande et plus belle que toi, ". Le mont Marouta arrive et tente de réconcilier les sœurs. Voyant qu'il ne pouvait pas rétablir la paix, il les a quittés et les a maudits. Sa malédiction était sinistre. "Que Massis et Aragats soient séparés afin qu'elles ne se rencontrent jamais." À son tour, Massis maudit Aragats pour que la douleur ne quitte jamais son cœur et que les larmes ne lui manquent pas. Aragats maudit Massis pour s'être asséché de chagrin, pour que personne ne monte à son sommet, pour qu'un sacrifice ne soit pas fait dessus. Voilà ce qui est arrivé. Au sommet d'Aragats, un lac est formé de larmes, des milliers de sources ont jaillies de ses pieds. Et Massis s'est desséchée, personne n'est pas montée au sommet, et aucun sacrifice n'y a été fait.

Aragats est une montagne volcanique à quatre sommets dans le plateau arménien, située dans la partie centrale de la République d'Arménie, à la frontière des régions d'Aragatsotn et de Shirak. Le point culminant est le pic nord, 4090,1 mètres. Le pic occidental est de 3995,3 mètres de hauteur, celui de l'est de 3908,2 mètres de hauteur et le sud de 3887,8 mètres de hauteur. Elle a un énorme cratère d'une profondeur de 400 m et d'un diamètre de 3 km, les restes des murs en ruine forment les quatre crêtes de la montagne. Les pics sont disposés en demi-cercle et forment un arc à 270 degrés.

Aragats est célèbre pour ses sources froides qui, avec les eaux de dégel et les glaciers, donnent naissance à un certain nombre de rivières et de ruisseaux, comme Gegharot, Amberd, Mantash, Getadzor, Tsaghkahovit, etc. Le lac Metsamor est également alimenté par les eaux du sous-sol d'Aragats. Au sommet et sur les pistes, il y a plusieurs dizaines de beaux lacs, comme Kari, Amberd, Lessing, etc. Le plus grand d'entre eux est le lac Kari, qui a de l'eau douce à une altitude de 3200 m. Les prairies alpines environnantes, les fleurs colorées, l'air pur de la montagne et la proximité du sommet enneigé d'Aragats donnent un charme particulier au lac.
Des rivières qui coulent à travers de magnifiques vallées fluviales et des gorges couvertes d'une végétation riche forment des cascades et des cataractes à certains endroits.

D’après la légende arménienne, l’étymologie du nom Aragats provient des mots "Ara" et "gah" qui signifient "le trône d’Ara". Ara était un dieu païen de la mort et de la résurrection de la nature, et également le roi Ara le Beau. Comme vous le savez déjà, le roi Ara était tué pendant la guerre contre la reine Sémiramis. Après la mort de leur roi, les Arméniens se sont affairés. Le fait est que le trône du roi, fait de bois de pin et décoré de diamants, de rubis et de saphirs, devrait être gardé hors de vue de l'ennemi. Ils ne savaient pas où le garder. Les Arméniens ont  pensé, réfléchi et ont décidé d’emmener le trône loin, sur les hauteurs de la montagne à quatre sommets en face de Massis. En apprenant cela, les soldats de Sémiramis, ayant perdu sommeil et repos, ont piétiné les pentes couvertes d'herbe et de fleurs de la montagne, mais n'ont pas pu trouver le trône. Les temps ont passé, mais les Arméniens n'ont pas oublié Ara ou son trône. En regardant la montagne, ils ont murmuré: le trône d'Ara (Arayi gah), le trône d'Ara. Voila d'où le nom du mont Aragats.

Ajdahak
Le mont Ajdahak connu également sous les noms de Gziltagh, Kziltagh, Ghzildagh, est l’un des sommets dans la partie centrale de la chaîne de montagnes de Geghama. Le plus haut sommet de ce dernier est de 3597 m, à la frontière des régions arméniennes de Kotayk et Gegharkunik. La hauteur absolue est de 3597,3 m, la hauteur relative peut atteindre jusqu'à 400 m. Adjacent au sommet, du côté nord-ouest, il y a un cratère rempli d'eau. Ce lac de cratère s’est formé durant la période d'anthropogène par les éruptions volcaniques et les coulées de lave. Il se compose de scories grises, de lapilli et de bombes volcaniques. La majeure partie de l'année le mont est couvert de neige. Ses pentes sont dénudées. Le nom Ajdahak est connu dans le folklore arménien comme le nom du roi de Mèdes et du dragon.

Ajdahak est le dragon maléfique de la mythologie iranienne, Aji Dahaka. ''Aji'' signifie ''serpent, vipère, dragon'' contre lequel se bat le dieu du tonnerre, Trayetaona. D'après l'épopée mythique et historique, le ''Shâhnâmeh'' ou ''Livre des Rois'', Aji Dahaka apparaît comme un roi tyran étranger nommé Zohak, qui est battu, vaincu et est enchaîné par Hruden. Ce dragon mythique Aji Dahaka est devenu le roi du royaume de Mèdes dans l'ancien roman arménien, qui a été vaincu et tué par Tigran le Grand (régné 95-55 avant notre ère).
La poésie épique de ''Tigran et Ajdahak'' est basée sur le contraste et la lutte de ces deux personnages. Craignant Tigran, Ajdahak voit sa destruction dans un rêve et, pour prévenir cela, s’apparente à Tigran, épousant sa jolie sœur Tigranouhi. Néanmoins, Ajdahak complote contre Tigran. La conspiration est ouverte par Tigranouhi. Tigran et Ajdahak se battent avec de grandes troupes l'un contre l'autre. Tigran tue Ajdahak, libère sa sœur, capture la première femme d'Ajdahak (Anouysh avec ses cousins) et les amène et installe aux pentes orientaux du mont Massis.

L'Arménie est considérée comme un pays des pierres et des montagnes. Ces dernières offrent aux amateurs d'alpinisme les plus beaux paysages et vues à couper le souffle, ainsi que de souvenirs, de belles aventures. Nous vous avons présentés seulement les 4 hautes montagnes du plateau arménien avec leurs légendes, mais il en existe beaucoup d’autres merveilleux sommets à découvrir. Donc, prenez vos équipement et voyagez à travers l'Arménie, jouissez le plaisir de vie et de liberté en escaladant les titans arméniens.

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