Cette race, appelée Gampr arménien, fait partie intégrante de l'histoire, de la culture et de la vie du peuple arménien.
L’étymologie du mot ''gampr'' vient de 2 racines arméniennes suivantes: gam - je viens et prem - j’abats. Le mot ''gampr'' avait également le sens de ''grmrots - grognement''.
Pendant des millénaires, les Arméniens élevaient des chiens Gampr arméniens, originaires des hauts plateaux arméniens. Ces chiens ont été élevés pour protéger le bétail des prédateurs et des ennemis. Depuis des temps immémoriaux, les hommes ont domestiqué et utilisé de nombreux animaux - chiens et chats, chèvres et moutons, chevaux et ânes, et même des lynx. Gampr se distinguent de tous ces animaux car il accompagne l'homme partout, lors de l'élevage et de l'agriculture, de la chasse, de la domestication des animaux, pendant les guerres.
Il y existait des chenils spéciaux en Arménie, qui recevaient les races de l'accouplement de bêtes sauvages (loup, chacal) et du chien. Les éleveurs de chiens étaient en même temps des chasseurs des bêtes sauvages. Leur principale source de revenus était la vente de chiens. Pour l'élevage canin, les Arméniens chassaient principalement des loups et parfois des chacals. Le loup capturé était gardé dans des conditions proches des conditions naturelles: dans des rochers ayant des cavernes profonds et longs et dans des grottes, où il y avait des animaux à chasser et à déchirer.
Les chiens élevés dans les hauts plateaux arméniens étaient divisés en 5 groupes distincts:
1. chien de berger ou Gelkheght (littéralement ''étrangleur de loup'', des mots arméniens gayl (loup) et kheghtel (étrangler)): le rôle de ces chiens est de protéger leurs troupeaux et leurs bétails contre les loups et les voleurs. Ils ont une grosse tête, un front haut, un nez court, des oreilles légèrement amputées au-dessus de la racine, une poitrine large et proéminente, un cou laineux et épais et de grandes jambes musclées. Ils ont l'habitude de tordre leur queue et de la mettre sur son dos. Ils marchent calmement, assurés et majestueusement. Ils n'aboient pas inutilement. Ils sont fiables et puissants. Le Gampr arménien est très fidèle à son propriétaire et il risquera sa vie afin de le protéger. Avec son instinct infaillible, il décide lui-même immédiatement qui est son ennemi et son ami et décident lui-même également comment lui traiter. Ils n'ont pas de couleur spéciale.
Lorsque le Gampr remarque quelque chose ou quelqu'un de suspect, il avertit immédiatement les autres chiens et, ensemble, ils encerclent le troupeau et attaquent l'intrus. La première chose que vous devez faire lorsque vous vous approchez de ces chiens, est de saluer leur propriétaire et de discuter avec eux, afin que les chiens comprennent que vous n'êtes pas un ennemi.
Les Gelkheghts sont divisés en deux sous-groupes: les chiens-loups et les chacals.
- Le chien-loup est un chien dont le père est un loup et dont la mère est un chien nourri au lait de la louve.
- Le chacal est le chien dont le père est le chien nourri au lait de la louve et dont la mère est la louve.
Les chiots nés de la fécondation d'un chien et d'un loup sont des chiens intrépides, audacieux, déchirants, mais fidèles à leur maître, en particulier la chienne de la même race, qui est appelée télé (տելե) ou quelpe (քելփ).
2. chien de cour ou juste gampr
3. chien de chasse à l'ours: il n'était utilisé que par les maîtres des chasseurs des bêtes sauvages lors de la chasse aux ours. Il était plus fort qu'un ours, surtout lorsqu'il était armé de piquets en acier.
4. chien d’ouragan ou saint-bernard, souvent dressé comme chien de recherche en avalanche. Les Arméniens utilisaient à cette fin des chiens spécialement entraînés bien avant que les Européens ne commencent à utiliser des chiens saint-bernard. La première preuve de cela se réfère au Ier siècle avant J.C. d’après la description du célèbre historien arménien du 5e siècle, Moïse de Khorène (Movses Khorenatsi).
5. lévrier ou braque: ce chien était utilisé pour chasser le renard, le chat sauvage, le lynx, le cerf. Il était léger et rapide. Les chiens de ce type diffèrent des autres chiens par leur odorat et leur manière d'aboyer. Ils n'aboyaient pas contre les gens, ils étaient très attentifs et dévoués à leur maître. Ils avaient une capacité spéciale pour chasser la proie blessée, pour trouver sa place cachée et pour appeler le chasseur à eux.
Lorsque le chien a étranglé un loup, il était du devoir du berger de faire une panade de ses propres mains, d'embrasser le front du chien, de caresser sa tête et de le nourrir personnellement. Le chien, ressentant cette attitude particulière, lèche d'abord les mains du berger, puis mange la panade. Le droit d'honorer le chien qui a étranglé plus d'un loup était réservé à l'aîné de la famille, au grand-père ou à la grand-mère de la famille.
Dans le folklore arménien, on a toujours fait l’éloge du Gampr pour son courage légendaire, sa sagesse, sa force, sa beauté, son honnêteté et sa fidélité infinie. D’après la mythologie arménienne ancienne, il existait des créatures appelées Aralezes, ressemblant aux chiens aux ailes qui vivaient dans le ciel ou sur le mont Ararat. On croyait que les Aralezes étaient descendus du ciel pour panser les blessures de ceux qui avaient été tués ou blessés dans la bataille, les guérissant ou même les ressuscitant. Cette légende montre le culte des chiens en Arménie pré-chrétienne.
L’historien arménien Moïse de Khorène a fait référence à Aralezes dans son livre ''Histoire de l'Arménie''. Lorsque le roi arménien Ara le Beau a été tué sur le champ de bataille, la reine assyrienne Sémiramis, qui était tombée amoureuse de lui, a ordonné ses soldats de ramener le corps du roi à ses Aralezes, pour qu’ils lèchent ses blessures et le ressuscitent.
Celui qui voulait posséder d’un chien de race arménien, Gampr, devait payer cher.
Dans les hauts plateaux arméniens, la base d'échange n'était pas l'or et l'argent, mais les produits naturels ou les animaux. Le prix du chien était également déterminé par ces taux de change. Par exemple, dans les montagnes Mndzour, le prix d'un chien de race était de 40 kot (ancienne unité de mesure arménienne =640 kg) de blé, ou d'un cheval, ou d'une vache laitière avec un veau, ou de 10 moutons avec des agneaux. Pour un chien de race, il était possible payer 80 kg de miel, 80 kg d'huile ou de laine de la même quantité. Si le résident de Mndzour n'avait aucun moyen d'échange, mais voulait avoir un Gampr arménien, il était obligé de travailler gratuitement pendant 80 jours pour le propriétaire du chien.
Braquer l'arme vers Gampr ou le tuer équivaut à un meurtre.
Le 10 février 2011, à Moscou, lors de la réunion de la Commission tribale de l'Union internationale du chenil (International Kennel Union -IKU) la norme du Gelkheghd arménien (''étrangleur de loup''), Gampr a été reconnue. Il a obtenu le statut de race nationale d'Arménie et a été enregistré sous le numéro 204. Selon la norme acceptée, le type arménien à poil court de Gampr arménien est reconnu (la longueur du poil des chiens est de 2 à 6 cm).
En 2018, la statue du Gampr arménien de Leon Tokmajyan a été inaugurée au centre d'Erevan, dans le parc Oghakadzev.