"Le duduk est le seul instrument dont le jeu me fait pleurer".
Aram Khatchatourian (compositeur arménien de renommée mondiale)
La musique est la meilleure façon de s’exprimer sans parole, de raconter de différentes histoire, triste ou gaie. Les Arméniens possèdent ce langage et communiquent leurs émotions à l'aide de "Duduk".
Doudouk (duduk) ou Tsiranapogh (le flute en abricotier), est un instrument à vent arménien, national qui est également populaire au Moyen-Orient, y compris dans la vie des peuples de la région du Caucase. Il est utilisé en solo et en ensemble. Il est considéré comme l'un des plus anciens instruments de musique à vent. D'après certains érudits, le duduk est mentionné pour la première fois dans les inscriptions cunéiformes du Royaume urartien (Royaume de Van), donc, il en résulte que l'histoire du duduk est vieille de 3000 ans.
Selon certaines sources, l'histoire du doudouk arménien remonte à l'époque du roi Tigran le Grand, du roi arménien, qui a régné de 95 a 55 avant J.-C.
L'historien du Ve siècle Movses Khorenatsi (Moise de Khorène) appelle cet instrument musical "Tsiranapogh", un rouleau fabriqué du bois de l'abricotier. C'est l'une des premières descriptions de duduk. L'image du duduk est représentée dans de nombreux manuscrits médiévaux arméniens.
En raison de l'existence d'États arméniens d'époques différentes, comme Mets Hayq (Royaume de la Grande Arménie), Poqr Hayq (Royaume de la Petite Arménie), Royaume arménien de Cilicie, ainsi que de nobles Arméniens vivant non seulement sur les hauts plateaux arméniens, mais aussi en Perse, au Moyen-Orient, en Asie Mineure, dans les Balkans, dans le Caucase et en Crimée, le duduk s'est largement répandu. Il n'est pas exclu que cet instrument musical arménien ait également atteint des pays lointains par des routes commerciales (Route de la Soie), dont la plupart traversaient le territoire de l'Arménie historique.
D'après l'ethno-musicologue Jonathan McCollum: "le doudouk est le seul instrument de musique arménien qui a survécu jusqu'à nos jours et est un symbole de l’arménité. La principale caractéristique du doudouk est la transmission des particularités de la langue arménienne à l'auditeur".
Jadis, les premiers instruments à vent de type duduk étaient faits de roseaux ou d'os d'animaux. Le duduk moderne est fabriqué de bois d'abricotier "Prunus armeniaca", qui pousse seulement en Arménie. Le son du bois d'abricotier est très fort. La longueur de l’instrument est de 28, 33 ou 40 cm. Il a sept ou huit trous au-dessus pour jouer et un ou deux pour le pouce du côté opposé. La musique est jouée par le maître, ouvrant et fermant les trous sonores à moitié. Cet instrument de musique a un timbre velouté, délicat et doux et des capacités techniques étendues permettant le musicien d'effectuer une variété de compositions complexes et volumineuses, des mughams, des airs de danses, des échantillons (sample) du genre de chanson. Au début du XXème siècle, le duduk a reçu le statut d'un instrument à octave diatonique, mais en utilisant les cordes vocales, le maître a la possibilité de faire un son chromatique.
Dans d'autres pays, le bois de prunier ou de noyer est utilisé pour fabriquer le duduk, cependant, selon les experts, un tel instrument sonne brutalement par rapport à tsiranapogh arménien, qui a un son doux et humain. L’anche est assemblée à partir de deux morceaux de roseau. Les meilleurs roseaux d'Arménie se trouvent sur les rives de la rivière Araks. Contrairement à d'autres instruments à anche double, le corps de duduk est assez large, ce qui donne une ambiance triste unique. Cet instrument a plusieurs tonalités. Par exemple, pour les mélodies d'amour, il est plus pratique d'utiliser un duduk d'une longueur de 40 cm, et le plus court est préféré pour la danse.
Le duduk se produit souvent dans des orchestres d’instruments folkloriques, accompagne de chansons et de danses arméniennes, il se produit lors de mariages, d’enterrements ou d’autres évènements. Grace aux compétences de haute maîtrise des maîtres arméniens de duduk (des doudouktchis), aujourd'hui, le doudouk a suscité un grand intérêt parmi les musiciens et compositeurs du monde entier.
En plus du duduk, la plupart des joueurs de duduk maîtrisent plusieurs instruments, comme la zourna, la clarinette, le chalumeau et parfois le saxophone.
Aujourd'hui, le duduk est devenu un instrument musical populaire dans cinématographie mondiale. Cette tendance a commencé avec le film ''Le Dernier Tentation du Christ'' de Peter Gabriel.
Le duduk, exécuté de par le célèbre chalumeau arménien Jivan Gasparyan, s'est produit dans plus de 30 films. Avec le compositeur allemand Hans Zimmer, le maître a créé le soundtreak original du film "Gladiator", qui a remporté prix du "Golden Globe" en 2001 pour la meilleure musique.
Les plus célèbres films, où la musique de duduk arménien est évoquée, sont les suivants: "Ararat", ''Avatar'', ''Mayrig'', le film français d'Henri Verneuil ,"Alexandre", "La Passion du Christ", "Munich", "Syriana", "Le Code Da Vinci", "Neige et Cendres", "Hulk", "Zena, la reine des soldats", ", ''Pirates of the Caribbean: At World's End'', les film russes, comme "The Russian House", "The Crow" et "Onegin" etc. Le duduk était également présent dans plusieurs séries télévisées.
Parmi les joueurs de duduk, les maîtres arméniens vivant en Arménie et à l'étranger sont: Jivan Gasparyan, Ludwig Gharibyan, Gevorg Dabaghyan, Sergey Karapetyan, Mkrtich Malkhasyan, Vache Hovsepyan, Karapet Yeghoyan, Margar Margaryan, Leon Madoyan, Sargis Davtyan et bien d’autres.
Le duduk était considéré comme un instrument masculin, mais à la fin du XXème siècle, les joueuses de duduk, comme Armine Grigoryan, Anna Sargsyan, Lilit Hovsepyan sont également apparues et devenues célèbres par le grand public.
En 2005, le doudouk arménien a été reconnu comme un chef-d'œuvre du patrimoine culturel immatériel mondial de l'UNESCO.